6 Décembre 2016
Alors que nous étions partis depuis peu de temps, une voie d’eau s’est déclarée à bord du bateau. En recherchant la cause, nous nous sommes aperçu que le bateau prenait de l’eau au niveau de la varangue à l’avant du safran.
Nous avons bien sûr pris la décision de faire demi -tour. Nous avons donc rejoint Mindelo au près dans une mer relativement formée ce qui augmentait sensiblement le débit de la voie d’eau.
Après avoir mouillé nous avons tout de suite contacté Benjamin, un strateur en voyage que nous avions rencontré à notre arrivée à Mindelo il y a un mois.
Après investigation, le couperet tombe rapidement. Le problème vient de la partie de la coque qui tient le safran sous l’eau. Il faut donc sortir le bateau.
Nous nous mettons donc à la recherche d’un endroit qui peut accueillir le bateau mais rien n’est prévu pour un « petit » bateau ; un voilier qui plus est.
Nous nous arrangeons avec le patron du chantier qui accueille les épaves pour les découper. Les pécheurs viennent là également pour caréner. Le patron est très arrangeant à partir du moment où on n’utilise pas son unique engin de levage car il en a besoin. Il nous donne un emplacement gratuit. Nous n’aurons que l’électricité à payer. Il ne reste plus qu’à trouver une grue et un camion pour sortir et acheminer le Love Boat jusqu’au chantier. C’est chose faite grâce à Orlando, un cap verdien payé par les pêcheurs pour surveiller leurs bateaux pour qu’ils ne se fassent pas voler la nuit.
La sortie du bateau n’a pas été une mince affaire. Personne ne sachant comment procéder, il a fallu prendre les choses en main pour que le bateau ne soit pas littéralement défoncé. Le tout en parlant un « portugnol ». Heureusement pour nous, Benjamin était là et sa maitrise du « portugnol » nous a bien aidés. Lors de l’opération, nous avons déposé le safran pour avoir entièrement accès à la coque et pour s’assurer que le problème était bien circonscrit à la coque.
Pour déposer Le bateau sur le berre, là encore, il a fallu prendre les choses en main car ils n’avaient aucune intention de soutenir le bateau au niveau de la quille. Dans ce cas, le berre aurait transpercé la coque.
Je suis monté avec le chauffeur du camion pour qu’il conduise vraiment doucement car il a fallu démonter le pataras du mât pour sortir le bateau. Il n’y avait plus que les bas-haubans qui empêchaient le mât de tomber. Il fallait donc transporter le bateau très doucement.
Après que l’ensemble bateau+berre eu été déposé à notre place, nous avons payé un coup à tout le monde et le camion est reparti avec toutes ses sangles car ils se les font voler la nuit. Il a fallu utiliser nos haussières pour consolider le berre. Nous avons également du caler à nouveau le bateau avec du bois ramassé ça et là car le bateau ne reposait pas sur tous ses patins. Lors de la première nuit, il y a d’ailleurs eu des violentes rafales qui ont fait bouger le bateau et qui ont fini de le caler dans son berre. Un peu l’angoisse !...
Bref, on s’en est sorti avec quelques impacts superficiels sur la coque qu’il faudra bien sûr réparer en plus du reste…
Dans notre malheur, heureusement que nous connaissons Benjamin et qu’il a accepté de s’occuper des réparations de la coque.
Nous avons passé les 2 premiers jours à mettre a nu la partie de la coque qui pose problème ainsi que le safran et à bien rincer la zone à l’eau douce. Comme il faudra refaire la peinture de la coque quand tout sera fini, il a aussi fallu nettoyer tout le reste de la coque. Comme il n’y a pas d’eau courante au chantier, il a fallu le faire à la main et à la brosse en allant chercher des seaux d’eau régulièrement à la mer.
Voilà où nous en sommes à l’heure où nous postons cet article. Le problème est bien identifié, on a le gars qui va pouvoir le régler.
Pour finir, un petit mot sur nos conditions de vie au chantier. Une nouvelle facette de Mindelo s’offre à nous. A terre tout est compliqué surtout qu’on n’a pas l’eau courante. Nous nous lavons dans la mer (ce qui n’est pas idéal car l’eau n’est pas très propre) et nous nous rinçons à l’eau douce que nous allons chercher en ville. Nous avons beaucoup de poussière car le chantier est sale et nous luttons contre l’invasion de bestioles type fourmis ou cafards qui pourraient nous bouffer toutes nos réserves. Aller aux toilettes est également compliqué mais nous vous épargnerons cette histoire. Pour finir, le soir, nous devons absolument tout ranger et cadenacer pour ne pas nous faire voler du matériel. Nous avons engagé Orlando pour veiller sur le bateau mais ce n’est pas suffisant. Au début, les capverdiens essayaient d’obtenir de l’argent de notre part mais après trois jours sur le chantier, nous voyant bosser et vivre sur le bateau, ils ont compris qu’on galérait et ils sont devenu très sympas. Une bonne ambiance règne sur le chantier le jour et on discute beaucoup avec eux. Par contre, la nuit on reste dans le bateau. Au matin du premier jour, un corps a été découvert par les pêcheurs. Il a d’ailleurs été chargé sans ménagement par deux hommes dans le coffre de la voiture de police. Il fallait être là pour le croire. D’après ce qui se dit sur le chantier, ce serait une affaire de vente de barque de pêche qui aurait mal tourné.
Acheminement de l'eau depuis le quai defoncé du chantier et rinçage après le bain. C'est la fin de la journéee
En conclusion, nous vivons des moments pas simples mais nous gardons le moral et les yeux tournés vers le large que nous espérons retrouver très vite.
La bise à tous du Love Boat